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Tu n'as, Ronsard, composé cet ouvrage ; 11 est forgé d'une royale main ; Charles sçavant, victorieux et sage En est ]*autheur ; tu n'es que l'escrivain.

On sent, en lisant ses œuvres, que nous ne sommes pas encore loin de l'époque où un poêle devait nécessairement faire partie de la maison royale ; ou non-seulement il était admis à la lable du prince, mais où il était l'ornement indispensable de (oute fêle, qu'il chantât la guerre, ou qu'il célé- brât l'amour. Au Louvre, Ronsard est un familier ; il y a ses entrées et son franc parler ; il y amuse Charles IX les jours de pluie ; comment ne serait-il pas ébloui par les splendeurs de celte cour char- mante, et ne la prendrait-il pas pour la France en- tière?

Il est évident que son patriotisme doit se ressen- tir de cette intimité royale. Aussi voyons-nous que, lorsqu'il entreprend sa Franciade, c'est-à-dire, ce qu'il croit être son œuvre principale et le chef- d'œuvre littéraire de son siècle, il veut que l'hon- neur en rejaillisse sur la maison de Valois. Il veut, sans doute, élever un monument à la gloire natio- nale ; son but, c'est d'illustrer la France en lui don- nant une épopée; qui lui manque. Mais, que fera-t-il pour y parvenir? Ira-t-il écouter ce qui se dit ou se chante sur les places ou dans les rues? S'emparera-