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la chute de Ronsard qui rend celle école plus re- tenue; mais il est certain que, loul en étant la fille de la Pléiade, elle est loin d'avoir l'audace et la fierté de sa mère. Aussi sera-ce toujours vers Ron- sard et ses parlisans qu'il faudra jeter les yeux quand on voudra se faire de la Renaissance une idée juste; c'est en eux qu'elle se résume le plus parfaitement. Les autres écoles ont précédé ou suivi la leur qui doit être considérée comme le rayonnement et la fjinntessence de l'esprit du sei- zième siècle.

A coup sûr, le but de la Pléiade fut noble et beau : elle se proposait de fondre plusieurs genres, de raviver les souvenirs de l'antiquité et de donner au génie français les grandes qualités du génie grec et du génie romain. Si l'on ne considère que son origine, ce grand mouvement fut donc admi- rable; ce fut un magnifique spectacle de voir une nation entière avide de science; vieillards et jeunes gens saisis d'un égal enthousiasme, rivalisant d'ar- deur, étudier fiévreusement le grec et le latin ; mais malheureusement, cette ardeur même, cette passion de l'étude portait en soi son danger; l'ori- ginalité fit généralement défaut et l'esprit d'imi- tation paralysa tous les efforts. A force de traduire et d'imiter les anciens, on en vint ta fausser le génie de la langue française ; on arriva à n'être ni ancien