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Ce serait une grande erreur de croire que le dix- septième siècle n'a pas connu l'amour de la nature, parce qu'on n'en voit pas de traces dans toutes les productions de celte grande époque; tous ces hommes éminenis l'aimaient; mais ils ont encore mieux aimé l'homme et Dieu. Leurs œuvres, ne se répandant pas dans la nature, sont empreintes d'une bien plus haute dignité que celles de la plu- part des modernes. Ce caractère en rend la lecture sinon plus difficile, au moins plus grave\

Ajoutons qu'au dix-neuvième siècle, on a trop souvent confondu le sentiment de la nature et le

splières Humaine et Divine; il s'élève directement jusqu'à Dieu par un effet de sa volonté propre ; il n'a que faire du piédestal que lui présente la nature. Il contemple l'univers, mais d'un (eil calme et tranquille; il n'y voit qu'une œitvre de Dieu, faite poiu" célébrer sa i;loire. « Ce n'est pas à dire, continue M. Tonnelle, que remploi de la natiu'e dans larl soit illégitime ou défendu ; au contraire, les trois mondes sont du domaine de l'art, et peut-être à titre égal; tous les trois doivent lui fournir des éléments de beauté; par conséquent, aussi celui de la nature ; en effet, la nature est l'œuvre de Dieu, où l'auteur a empreint son sceau, imprimé des traces de sa beauté, afin que l'y reconnaissant, nous nous élevions à lui ; mais il faut en user sévèrement, «obrement, d'une manière mfde et forte, et surlont se garder de |)rendre la copie pour le modèle ; le symbole pour le sens et l'esprit ; le faible rayon de beauté créée, pour la source de lu- mière et le soleil de beauté éternelle. i>

  • « Il faut, dit encore M. Tonnelle, des gens beaucoup plus .sé-

rieux pour sentir et goûter la poésie du monde purement humain et divin de Corneille et de Racine, monde toujours rigoureusement spirilualislc, que pour goûter G«ellie et Lamartine, et, à bien plus birle raison, Victor Hugo. »