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Telle, quand une bombe ardente et meurtrière Décrit dans un ciel noir sa courbe incendiaire, Se balance au-dessus des nnirs éponvanlés, Puis, coiume un vautour cliauve, à la serre cruelle. Qui rrappe, en s'abatlant, la lerre de son aile, Tojnbc et fouille à grand bruil le pavé des cités;

Longtemps, après sa cbute, on voit fumer encore La bouche du mortier, large, noire et sonore D'où monte, pour tomber, le globe au vol pesant, Et la place où la bombe, éclatée en mitrailles, Mourut, en vomissant la mort de ses entrailles, Et s'éteignit en embrasant.

A pari ces comparaisons à grand effet, savam- ment étudiées et développées, l'un et l'autre font de la métaphore un fréquent usage. Nous avonsmontré ■ comment Victor Hugo donne une forme matérielle aux idées abstraites, tandis que Ronsard se sert des images à l'instar des anciens, à la fa(;on classique, comme de purs orneiuenls de style.

Ajoutonsseulement que, chez l'un et chez l'autre, c'est bien plus dans les images que dans les mois, dans les idées que dans les expressions, (pi'il faut rechercher la cause de ces fautes de goût, qui dépa- rent souvent leurs plus beaux morceaux.

En somme, la Musc de Ronsard n'a pas tant parlé la lin que Boileau l'a bien voulu dire, et la langue de Hugo, j'entends dans les belles années de son ta- lent, a plus d'une heureuse rencontre. Que Ronsard