Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 206 — licences que le poêle se donne : la poésie véri- table n'a guère à gagner à de semblables jeux d'esprit.

Ronsard, parce qu'il était bon musicien, Viclor Hugo, par un instinct naturel, ont, l'un et l'autre compris à merveille la cadence du vers français. L'alexandrin, en particulier, prend chez eux une force, une vigueur toute nouvelle. Malgré leurs idées diamétralement opposées en matière de poésie, puisque l'un rêve une langue poétique séparée de la langue vulgaire, tandis que l'autre veut les fondre toutes deux, ils arrivent à un même résultat, à une magnifique sonorité. C'est que, d'abord, ils soignent beaucoup la rime, qui est toujours, chez eux, fort saillante; c'est, en second lieu, que, par un effet de leur art, ils mettent toujours le mot principal à la fin du vers qui, au moyen de ce pro- cédé, prend une force nouvelle. Ecoutez Victor Hugo ; nous pourrions prendre chez lui nos exemples à peu près au hasard :

Tout en vous parlagcant l'eiupirc (V Alexandre, Vous avez peur d'une ombre cl peur d'un peu d(; cendre; Oh! vous ùics petits !.. .

Hélas! hélas! garde la tombe, Garde Ion roilier écumant, Où, s'ahatlanl comme la bombe, Tu vins Idinlicr tirdc el fumant..