— 195 — Tri boulet dira :
La vengeance d'un fou fait osciller le monde,
niaiiUeiiant, monde, regarde-moi:
Ceci c'est un bouffon, et ceci, c'est un roi, etc.
L'autre procédé lyrique, dont use et abuse Victor Hugo, consiste dans l'emploi particulier qu'il fait des images; nul poëte ne les a comprises comme lui.
L'antiquité, les poètes du dix-septième siècle et la plupart de nos poètes modernes n'ont jamais considéré l'image que comme un ornement de la pensée, un embellissement qui charme l'esprit et le dispose favorablement à accueillir l'idée, ainsi que l'a dit Lucrèce dans ces vers fameux :
Nam veluti pueris absinthia tetra medentes Cum dare conantur, prius oras pocula circum Conlingunl meliis dulci llavoque liquore^, etc.
Chez Homère et chez Virgile, les images sont ap- pliquées aux idées que le poëte veut exprimer; elles n'ont que la beauté pour but ; on peut à volonté les supprimer, la pensée n'en restera pas moins nette et moins claire. Ces images ont d'ailleurs
' Lucrèce, livre IV, vers 1 1 et suiv.