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— 105 — tienne, puisque le paganisme n'allait pas au delà de l'idée d'immortalilé. Ne nous semble-l-il pas qu'il n'y ait qu'une seule marche à suivre pour traiter cette matière ; que le poêle n'ai! rien à faire qu'à s'abîmer devant l'infini, et que toute sa pièce doive n'être qu'un point dinlerrogation, qu'il soit sceptique ou croyant? car, sceptique, il renoncera à deviner l'énigme et se jettera, tète baissée, dans le doute ; croyant, il s'en remettra à la Providence pour la solution de ces problèmes, qui échappent à son intelligence. Tout autre est, cependant, le pro- cédé de Ronsard, et, dès les premiers vers, la nature orgueilleuse et fière de l'auteur se révèle; il ne se sent ni confondu, ni écrasé par la majesté de son sujet, et pas un mot ne laisse à entendre que les plus grands génies de l'humanité, réduits à leurs propres forces, n'ont pu résoudre la question qu'il se propose d'étudier : «Je veux, secontente-t-il de dire :

Je veux, s'il m'est possible, atteiiidre la louange De celle par les ans qui jamais ne se change.

Et, toutde suite, s'inspirant des allégories du moyen âge, il a recours au mythe; l'éternité devient vi- vante ; il la voit, la personnifie et la décrit :

Tout au plus haut du ciel, snr im trône doré, etc.