Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/167

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— 155 — réel, l;i où il s'esL vérilablpinenl montré un grand pocle, c'est quand il se l;iinenle sur les maux de la pairie el sur les siens. C'est qu'en réalité le génie de Ronsard est pliilôl élégiaque quesalirique.il sait moins s'indigner contre les vices des hommes, que pleurer sur leurs malheurs. Le caractère gé- néral de mélancolie, dont sont empreiiiles si sou- vent ses œuvres, se retrouve dans la partie sati- rique, plus nettement accusé encoie. S'il ne nous transporte pas toujours d'indignalion , en nous montrant les impiétés commises par les réformés; si ses plaisanteries laissent, la plupartdu temps, le lecteur assez indifférent, il sait l'émouvoir pro- fondément, en évoquant les souveniis du juissé :

Ha ! que diront lù-bas sous leurs lombes poudreuses.

De lanl de vaillaus roys, les âmes généreuses?

Que dira Piiaraniond, Clodion cl Clovis,

Nos Pépins, nos Martels, nos Charles, nos Louys,

(jui, de leur propre sang, à tont péril de guerre.

Ont accpiis à leurs fils nue si belle terre!...

Ils se repentiront d'avoir lanl travaillé,

Assailly, défendu, guerroyé, bataillé,

Pour un peuple nnitin, divisé de courage.

Qui perd, en se jouant, un si bel héritage!...

Ronsnrd confond tellement l'élégie et la satire, (|u'une de ses satires, à la fois les plus violentes et les ])lus Ixdles, est rangée parmi ses élégie^ ; je