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se sert, loiil lui est bon, pourvu que le coup porte; tandis que Juvénal est un moraiisle qui s'indigne; Horace un aimable égoïste qui observe le monde, Ronsard n'est qu'un homme attaqué qui se défend. Ce caractère se retrouve à peu près dans toutes ses satires. S'éiève-t-il dans V Invective contre quel- qu'un de la cour, quel est son grief?

Tu oses bien, au milieu des repas, Ayant les mains le premier dans les plais, Tu oses bien te mocquer de mes vers Et, le gaussant, les lire de travers, A ehaque poinci disant le mol pour rire.

Voilà pourquoi llonsard l'accable d'injures, et, en un langage des plus énergiques, lui souhaite tous les malheurs imaginables.

Dans ses satires, Ronsard a recours à trois procé- dés : l'ironie, l'invective, la lamentation. Tantôt il se moque, tantôt il insulte, tantôt il se plaint. Nous devons dire qu'il a manié ces trois formes avec un bonheur Irès-inégal. L'ironie est à peu près tou- jours de mauvais goût chez lui. Il manie lourde- ment la plaisanleiie : au lieu de diriger contre son adversaire une flèche acérée ([ni le blessera pro- fondément, on dirait qu'il lui lance de lourdes pierres qui, généralement, n'atteignent pas leur but, à cause de leur poids. Le sel attiquc ou gau-