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Flaçiellrr, c'csl là un mot qui fait imméiliaicmcnt penser à Juvcnal, et donnerait à supposer que Ilon- sard doit être com])lé parmi ses disciples. Je n'hé- silerais pas, en el'fet, à l'y placer, si je lui accor- dais le litre de satirique : c'est bien l'indication qui fait son vers; il a bien toute l'énergie, toute la vé- hémence qui caractérise cette école ; il a infini- ment plus de points de contact avec elle qu'avec celle d'Horace; mais je me fais de la satire une plus haute idée, et ne trouve pas que Ronsard en ait suffisamment observé toutes les-règles.

Je viens de remarquer que le but de Ronsard est de flageller les personnes : Juvénal, j'en conviens, a agi de même; mais il a, au moins, su faire des por- traits qui, le nom enlevé, subsistent; il a élargi le (Jél)at, et, s'il ne s'est j)as abstenu de personnalités, il a aussi attaqué les vices en général, et plus en- core les vices que les personnes.

Par des moyens opposés, Iloiace et Juvénal ont atteint le même but : l'un a livré à la risée publi- (pie, l'autre a cloué au pilori les parasites, les dé- bauchés, les délateurs, de quelque nom qu'ils s'ap- pellent. Ronsard s'est toujours renfermé dans des questions personnelles; la lutte est circonscrite entre lui et ses adversaires. Ses attaques sont sou- vent maladroites, parce qu'elles dégénèrent en in- sultes directes. Peu lui iinjxutent les armes dont il