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— 147 — reconnaissons lonl de suite rex.'icliUide ingénieuse 'In poëte; nous nous rendons compte de son amour pour les particularités, et nous nous expliquons ce que Ton a voulu dire en parlant de son heureuse minutie : « curiosa felicilas. »

Ronsard ne peut pas s'astreindre à ce genre de satire; il doit évidemment répugner à sa nature in- dépendante et Hère, à son orgueil de gentilhomme, de suivre lestracesdu fils de l'affranchi. Lui, le poêle superbe par excellence, plein de dédain pour le mn- ple populaire, qui trouve du plaisir à entendre la foule déchirer son nom (ainsi qu'il le dit dans le Discours de la Fortune)^ il ne peut se résoudre à étudier cette foule pour la peindre. Remarquons bien qu'un des défauts de Ronsard, c'est de ne pas avoir l'esprit d'observation; l'étude de la nature humaine ne l'intéresse que très-médiocrement : je n'en veux pour preuve que les personnages qu'il met en scène, soit dans les Ihjmnes, soit dans la Franciade; ce ne sont que des ombres, des reflets des personnages créés par l'aiiliqiiili' et légués par elle.

Doué d'un coup d'œil synthéli(pie, sachant bien saisir rensemble d'un sujet, Ronsard n'a pas l'es- prit d'analyse; Jl ne sait pas peindre un caractère et se propose bien moins, dans ses satires, de rail- ler un vice que de flageller une personne.