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— 150 — [jus mœurs du seizième siècle rendaient à peu près impossible nne poésie de ce genre. N'oublions pas que la nation qui va, à la fin du quinzième siècle porter la guerre en llalie , est presque, littéi'airement parlant, une nation barbare. Or, comme Thomme des premiers âges, unpeupledans l'enfance n'aime pas beaucoup la vie des cliamps ; le prestige de la gloire militaire l'éblouit et l'attire ; il aime mieux manier la lance que le soc de la cbarrue. La richesse et le luxe le tentent également; il néglige le reste pour les atteindre : c'est ce qui arrive en France, au seizième siècle. La nation perd peu à peu sa rudesse au contact de rilalie, sa voisine, depuis longtemps, déjà, plus polie qu'elle; elle rapporte de ses excursions à l'étranger, la passion des lettres et des arts, et, en suivant les traces de sa rivale, elle Téclipse. Ce n'est assurément pas au moment où la Renaissance est à son apogée; quand se construisent le Louvre et les Tuiiei'ies ; (juand les Cèles de la cour des Valois rivalisent avec celles de Venise et de Flo- rence que le goût de la simplicité laistique j)eut revenir à la France, Il faut cpu) sa fièvre artistique soit tombée et qu'elle ait épuisé, jusqu'à satiété, les jouissances de la civilisation. Il faut qu'elle en arrive un jour à se dégoûter (U; V('r,«^ailles, pour avoir l'idée de construii'c Tnanon.