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que l’un doit amener à connaître l’autre, et que tout âge de l’humanité peut se résumer dans une œuvre, dans un grand nom.

Pour nous, la Grèce héroïque, c’est Homère, La Grèce parvenue à une époque plus humaine, c’est Sophocle.

Le siècle d’Auguste, c’est Virgile.

L’histoire littéraire de l’Italie, au moyen âge, peut se résumer dans les noms de Dante et de Pétrarque.

Racine me parait la personnification de l’esprit du dix-septième siècle.

Ronsard a eu cette gloire singulière d’être l’homme de son temps. En France, en Europe même, son nom est dans toutes les bouches; nulle renommée littéraire n’est égale à la sienne, à la fin du seizième siècle. Ses ouvrages traduits dans toutes les langues, sont universellement appréciés. Il est le type le plus achevé des poêles de la cour. L’esprit qui l’inspire est celui de la vraie Renaissance, celui qui anime Pierre Lescot et Jean Goujon. Un lien intime existe, on n’a pas de peine à le sentir, entre le Louvre ; et les Hymnes ou les Odes.

Ronsard appartient tout entier, avec ses qualités et ses défauts, au grand mouvement de la Renaissance. Il naît trop tard pour pouvoir diriger, dès son origine, ce grand courant qui s’établit dès la