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— 93 — un point qui nous paraît hors de doute. Foëte pas- sionné, erotique même, élégant dans une des cours les plus élégantes de la France, né dans une époque corrompue, Ronsard a pu, pendant un certain temps, oublier les préceptes de l'Eglise; il n'en a jamais méconnu les dogmes. Païen par l'esprit, comme la plupart des hommes éminents du seizième siècle, il n'a jamais cessé d'èlre chrétien dans le fond de son cœur. Il n'appartient même pas au groupe intermédiaire entre leCalholicisme et la Ré- forme qui, sans se rallier ouvertement à cette der- nière, s'élevait avec une haute énergie contre le luxe et le relâchement du clergé. S'il adresse aux évêques des reproches assez vifs, dans sa Remon- trance au peuple de France, on ne peut nier qu'il ne le fasse avec un respect qni diffère singulière- ment du ton habituel des Réformés :

vous, doctes prélasts, poussez du Saint-Esprit,

Qui estes assemblez au nom de Jésus-Christ,

Et taschez sainctement, par une voye utile,

De conduire l'Eglise à l'accord d'un concile ;

Vous-mesmes, les premiers, prélasts, rétbrmez-vous...

Et, comme vrais pasteurs, faites la guerre aux loups ;

Otez l'ambition, la richesse excessive ;

Arrachez de vos cœurs la jeunesse lascive ;

Soyez. sobres à table, et sobres en propos ;

De vos troupeaux soumis, cherchez-moi le repos.

Non, le vôtre, prélast ; car votre vray office