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voulut sçavoir ce que c'était et l'occasion. Ronsard en fut l'interprète, après que Delorme se fût plaint que cest escrit le laxoit; car Ronsard liiy dit qu'il accordoit que, par une douce ironie, il prit cette inscription pour luy, la lisant en françois; mais qu'elle lui convenait encore mieux la lisant en latin, remarquant par icelle les premiers mots raccourcis d'un épigramme latin d'Ausone, qui commence : FORTUNÂm, REVERENTER, HARE, le renvoyant pour apprendre à respecter sa première et vile for- tune, et ne fermer la porte aux Muses. La royne aida Ronsard à se venger, car elle tança aigrement l'abbé de Livry, après quelque risée, et dit tout haut que les Tuileries étoienl dédiées aux Muses. » C'est le moment où Ronsard touche au plus haut point de sa gloire : en Italie, en Flandre, en An- gleterre, en Pologne, ses œuvres sont lues, com- mentées, expliquées, traduites avec admiration, a Les autres provinces ont cessé d'estimer notre langue barbare, et se sont rendues curieuses de l'apprendre et de l'enseigner, et aujourd'huy on en tient école jusques aux parties de l'Europe les plus esloignées, jusqu'en la Moravie, jusques en Po- logne et jusques à Dansich, où les œuvres de Ron- sard se lisent publiquement *. »

' Dupcrron.