— Pitié ! pitié ! Vous ne pouvez pas faire ça, vous ne le voudriez pas !
Le docteur était descendu après avoir rassuré d’un signe la Donard bouleversée. Et maintenant cette femme se révoltait, parlant très haut à ses pensionnaires : « Mais on n’avait jamais vu ; cette fille était vraiment folle. Elle savait bien ce qu’il en était en se mettant en maison. Elle n’avait qu’à ne pas y entrer. Voyez-vous ça, elle, la patronne, aurait trimé pendant vingt ans pour arriver à faire fermer son établissement, afin de contenter les caprices d’une espèce qui se laissait communiquer la pourriture à plaisir ! On a beau être bonne on ne peut pas être bête ! Voilà qu’on lui faisait des scènes maintenant, comme si c’était elle qui donnait la maladie. »
Lucie Thirache, voyant l’insuccès de ses paroles, se perdit en une mimique exagérée. Elle se contorsionnait, se jetait à genoux, tendait les mains, se relevait.
Pour toute réponse la patronne commanda :
— Allons, va prendre tes affaires. Puisque tu n’es pas plus raisonnable, on va venir te chercher. Tu partiras tout de suite. Tu ne veux pas y aller ? J’y vais moi-même.
Elle entra dans la chambre de Nina.
Lucie s’était tournée vers ses compagnes qui l’examinaient l’air navré.
— Léa, Germaine, Émilia mes amies, je vous