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V


L’été fut très chaud, cette année-là. Tout le jour, les filles couchées sur le divan du petit salon, sommeillaient, presque nues. Et dans la pièce sombre, un silence, continuellement, pesait. Parfois, une mouche bourdonnante venait planer au-dessus des chairs moites, et une femme la chassait, en jurant. Nulle ne travaillait. Lucie elle-même abandonna son tricot ; ça l’impatientait de sentir toujours les aiguilles glisser entre ses doigts humides de transpiration. Elles vivaient dans une paresse avachie. Les parties de campagne se renouvelèrent rarement. La Donard ne les organisait qu’aux grandes occasions, et encore, si la conduite de ses pensionnaires l’avait complètement satisfaite