Page:Chair molle.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

seils, des recommandations. — Surtout, n’est-ce pas ? il faut être bien aimables avec le monsieur à favoris d’hier soir. C’est un homme très bien, qui a de l’argent ; celle qui saura le prendre, il lui paiera ses dettes et il la mettra dans ses meubles. Vous verrez ce que je vous dis.

La patronne descendue, les voix s’élevaient en un concert d’éloges ; Lucie Thirache demandait :

— Est-ce qu’ils sont riches les Donard ?

— Je te crois, répondit Laurence. Ils sont tous patrons, de père en fils, dans cette famille-là ; et, tu sais, ils en gagnent de l’argent !

— Oui, même que le père à Monsieur, il tenait une maison au bout de la rue d’Arras.

— Et elle ?

— Elle, c’est la fille de la mère Trumet, celle qui avait le 7. Sa mère l’a mise en pension jusqu’à vingt ans et puis ensuite, le père Trumet l’a enrôlée dans son bataillon.

— On dit aussi que celui qui l’a eue le premier, a payé 1,500 francs.

— Pour une seule nuit ?

— Ah ! je sais pas. C’est joli tout de même.

— Je crois bien. Mais aussi elle est encore fort chic, remarquait Lucie.

— Oui, elle a du galbe. La mère Trumet a dû être contente de sa fille ce jour-là.

— Oh ! elle l’adorait, sa mioche ! Aussi elle l’a mariée avec un homme très bien qui a fait son