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Alors vous serez bien contente ; vous verrez comme la nourriture est bonne, et puis on en a tant qu’on veut.

— Vraiment ?

— Oh ! des masses de plats. C’est pas une mauvaise maison, ici, vous savez. Madame elle est une bonne femme et puis Monsieur aussi, et puis les types qui viennent ce sont de bons garçons fin drôles. Seulement, tout à l’heure, Madame elle va arriver, parce qu’ils font flanelle, et puis ils s’amusent pour rien ; alors c’est embêtant. C’est pas chic, n’est-ce pas ?

Lucie restait étourdie sous ce flot de paroles. Était-elle bête cette fille ? Mais aussi bien aimable d’être venue la trouver, la voyant seule. Elle-même allait être gracieuse, car il fallait se faire une amie. Qui sait si les autres femmes n’étaient pas mauvaises ? Et elle s’ingénia à entretenir la conversation. Reine, en retour, déversa d’interminables renseignements sur les habitudes de la maison, finit par faire l’éloge de Lucie qu’elle avait trouvée charmante :

— Voyez-vous, ça me faisait de la peine de vous voir comme ça toute seule. Alors je suis venue. Comme vous êtes gentille ! Tiens ! vous avez des pieds encore plus petits que ceux de Germaine.

— Qui ça Germaine ?

— Celle-là qui fume, qui est appuyée sur le