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Marianne, entravait toute tentative de fuite. Il était fort beau tout de même ce couloir, avec sa grille argentée, ses panneaux lisses et la lumière étrange qui tombait de ses globes rouges. Le salon n’avait pas l’air aussi riche.

Elle suivait des yeux sur les meubles, sur le tapis du guéridon, sur les rideaux, les côtes d’un reps vert à rayures brunes. Au mur était adaptée une tapisserie verdâtre, presque cachée sous d’immenses glaces, encadrées d’or. Et Lucie aperçut, reflétés, la cheminée de marbre noir, la pendule, les deux bergers de bronze soutenant les candélabres, et tout à fait au coin du cadre, la troupe des hommes embleuis de fumée, entourant la robe claire de Laurence.

— Hein ? ce n’est pas amusant cette musique ?

Une petite femme, au corps grêle enfoui en une chemise de soie, la figure chiffonnée, couronnée de cheveux jaunes, s’assit et répéta sa question.

— Je ne sais pas, je n’ai pas encore écouté.

— Voyez-vous, c’est Laurence qui chante. Alors elle chante toujours un tas de bêtises, des choses ennuyeuses comme tout, vous comprenez, parce que moi j’aime les choses rigolotes. Et vous ?

— Ça m’est égal.

— Ah !… Quand êtes-vous arrivée ? Ce s[oir], hein ? Alors vous n’avez pas encore mangé ici ?