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mais nous ne pouvons nous défendre d’une certaine crainte, en songeant que des auteurs plus puissants seront peut-être entraînés vers ce genre maladif et malsain, qui sort de la littérature pour entrer dans la pire des thèses paradoxales. Monsieur Vénus ne manquera pas d’avoir un très grand succès de curiosité ; mais nous reprouvons absolument l’esprit dans lequel il est conçu.

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Colombine, du Gil Blas, donne de Monsieur Vénus l’appréciation suivante :

…Et pour un rien, dans la vie comme dans les livres, je dirais volontiers que la grande immoralité, c’est le goût des amours stériles. Ce goût, a n’en pas douter, grandit dans notre société. Il faut aller dans les campagnes pour trouver les belles filles et les gars vigoureux qui s’en tiennent au doux péché de nos premiers parents. La littérature qu’on accuse, à tort si souvent, de corrompre les mœurs en racontant les mœurs corrompues, a été, depuis vingt ans, insensiblement conduite à nous donner le tableau de ces chercheuses de plaisirs, vierges ou femmes, qui ne craignent rien au monde, rien que d’être mères. Je viens ainsi de lire un livre, bizarre jusqu’à la folie, qui s’appelle Monsieur Vénus ! J’en veux dire un mot : c’est une curiosité de notre temps.

L’auteur du livre, dans sa préface, prévient le lec-