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seulement une immense douleur, sans savoir où. Elle voulut fermer les paupières et ne put y parvenir.

Elle restait étendue sur le dos à regarder fixement, le ciel de lit tout blanc.

En haut le soleil rayonnait dans les vitres brillantes. Les murs s’illuminaient, la poussière épandue partout scintillait, au plafond les lézardes se doraient.

Quel malheur ! Ne pouvoir sortir par un si beau temps ! Comme il serait bon se promener à la campagne avec un amant chéri. Bien longtemps encore elle resterait couchée sans se donner ce plaisir ! Bah ! elle était folle ! Elle se guérirait… comme la première fois. Dans une huitaine, elle serait sur pied, et elle irait à Paris rejoindre Léon, le seul homme désirable. En le revoyant, elle l’aimerait tout de suite… Quels délicieux baisers !… Et puis, elle lui ferait raconter ses amours, simulerait une bouderie pour qu’il la caressât fort, afin de l’apaiser… Alors la réconciliation viendrait, et ils s’aimeraient…

Oh ! comme tout s’obscurcissait autour d’elle. Elle ne voyait plus les rideaux… à peine encore le volant du ciel de lit… Tout lui semblait jauni, dans une buée d’or… Et l’or occupait toute sa vue. C’est qu’elle allait dormir… Oh ! les charmants rêves qui viendraient l’enchanter… Elle reverrait Léon…… l’aimerait d’une passion