Page:Chair molle.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jusque sur l’hystérique, enfin empoignée par le sommeil et ronflant presque nue, les membres épars. Au bas des fenêtres, une large bande rouge ; au dessus, un ciel jaunâtre, puis blanc, d’un blanc azuré où brille une petite étoile.

Quel abominable sommeil ! Est-ce que maintenant elle dormirait toujours comme ça ? C’était plus fatiguant que la veille. Quelle peur ! Elle avait de la sueur partout, et son mal de tête était encore bien plus intense.

Voyons, il fallait essayer se remettre… Il allait faire bien beau aujourd’hui… Un temps d’été… Oh ! l’été d’autrefois… Saint-Quentin, les bords de l’eau, une barque pourrie, remisée en un champ où elle s’asseyait avec Léon, lors de ses premiers rendez-vous. Il l’embrassait partout, et elle se défendait, se fâchait, et lui, répondait toujours : c’est ta faute aussi, pourquoi es-tu si belle ?

Mais aujourd’hui elle n’était plus belle ! Elle considéra ses mains : les veines, les artères dilatées, gonflées, formaient un réseau bleu sous l’épiderme rougi, aux ongles des bleuissures se montraient avec, par endroits, des points violâtres, presque noirs.

Elle se désola ; la main, hier, n’était pas violette ainsi. Décidément, le mal ne décroissait pas. C’était interminable. Ah ! peut-être, l’autre bras allait-il mieux ! Elle allait le démailloter.