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lascives lui avaient semblé à la longue des corvées à exécuter nécessairement. Impuissante, dès lors, à éprouver une jouissance amoureuse, grondée sans cesse par Zéphyr, qu’enhardissait sa veulerie, elle s’habitua à dormir continuellement pour esquiver ses chagrins. Dans ses moments de loisir., enfin sans dégoûts et sans craintes, elle s’anéantissait en un sommeil lourd, jusque l’instant où un ordre de son souteneur l’éveillait brutalement, la poussait dehors, titubante, les yeux clignotants à la lumière.

Cependant, elle n’aimait pas Zéphyr. Elle lui restait attachée par un remords vague, une molle habitude qui lui défendait toute résistance et l’empêchait d’échapper à sa sujétion.

Alors la maladie l’attaqua.

Elle ressentait d’étranges douleurs. Sa tête s’alourdissait, envahie de continuelles migraines ; et lorsqu’elle faisait sa raie, elle remarquait à l’occiput une tache qui chaque jour devenait plus foncée. Sa marche s’embarrassait. Souvent, dans ses vadrouilles, elle devait s’asseoir. Elle avait la sensation d’un poids dans les aines, et lentement, son ventre s’enflait. Mais, pressée de suffire au gain exigé, elle restait debout, allait toujours sans se préoccuper du mal en croissance. La nuit, toutes ses douleurs s’éveillaient plus vives, rendues atroces par une continuelle insomnie.