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gaies. Elle, souvent, répondait par une parole dure à ses demandes amoureuses, dans une lassitude de l’homme, dégoûtée, enfin, par la continuelle prostitution de sa chair.

C’est que Lucie sentait décroître son attachement pour Zéphyr. D’abord, dans la reprise de ses vieux projets, elle avait place très haut son amant : pour lui surtout elle rêvait s’enrichir. Mais, déjà, elle s’avouait que cet homme ne lui plaisait plus. Comme les autres, il cherchait à l’exploiter, et puis, franchement, elle s’était fait illusion. Il n’était ni beau, ni spirituel. Tout au plus lui avait-il marqué, un jour, une grande bonté d’âme. Et cette bonté, elle l’avait payée, n’est-ce pas, et d’un juste prix. Peut-être même l’espérance du paiement avait seule poussé le garçon à cette compassion subite. Elle ne pouvait cependant se risquer à le quitter. L’aventure de ses meubles brisés l’avait rendue très craintive, et elle se sentait plus confiante, lorsqu’elle voyait les michés entrant dans sa chambre, ébaucher une grimace d’appréhension dégoûtée a l’adresse de Zéphyr qui rôdait dans le couloir. Elle avait de lui un besoin constant et s’apeurait de ses départs. Mais quelquefois, lorsqu’il demandait de l’argent, élevant sans cesse le tarif de ses exigences, elle s’emportait et l’insultait, dans un grand désir de le voir rompre. Lui, ne se formalisait plus. Bonnassement, avec