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cela je serais riche à présent. Peux-tu bien croire que je pourrais te lâcher, après avoir fait tout ça pour toi ? Crois-tu que je pourrais te faire des queues, pour le plaisir, avec des types que j’ai jamais tant vus, et puis laids… Oh ! tu ne sais pas quelle tête il a, celui-ci… Mais nous avons des dettes…

Elle les énuméra nombreuses, très lourdes, et elle reprit :

— Ah ! si nous étions plus riches ! c’est là que je les enverrais paître, un bon coup, les michés ! Dis, tu le sais bien, tu ne m’en veux pas ? Dis ? D’un seul trait, sans une pause, Lucie avait précipité les mots, enfilé les phrases. Puis elle s’arrêta, fit un pas en arrière pour feindre un départ. Elle sentait bien la querelle interminée, mais elle voulait marquer à son amant la fermeté de sa résolution.

Lui, se tenait toujours adossé à la porte, immobile.

— Allons, c’est entendu, n’est-ce pas ? dit Lucie, qui recula, apeurée par ce silence.

Alors Zéphyr éclata :

— Tu vas rester ici, tu entends ! Ah ! il ne faut pas te foutre de moi comme ça ; je sais bien ce qu’il en est, va… Avec ça que je t’ai pas vue entrer, l’autre jour, avec des hommes chez Merlin, aux Trois Pigeons, dans tous ces garnis, des vrais bordels !