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II


D’abord, cette vie nouvelle l’enchanta. Dans ces vadrouilles elle était très gaie sans raison sautait, virait, ravie. Et à sa fenêtre, pendant les longues heures de solitude rêveuse, elle couvait en silence un monologue joyeux.

Une idée la satisfaisait fort, le projet lentement formé se réalisait enfin : elle faisait expier aux hommes ses misères anciennes. Aujourd’hui, le souvenir de son premier affolement l’amusait. Avait-elle été assez niaise, en arrivent à Lille, de perdre courage, de se croire la victime de quelque guigne mystérieuse ! Elle se rappelait les premiers jours passés dans une dèche désespérante, par horreur des mâles. Heureusement que la fringale l’en avait tirée, de cette toquade !