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TROISIÈME PARTIE





I


À Lille, dans l’étroite rue du Bois-Saint-Étienne, Lucie Thirache était venue se loger au second étage d’une maison très vieille. Elle avait à dessein choisi cette rue, sachant que les loyers y étaient moins chers et que le voisinage du théâtre, de la gare, des larges voies populeuses, lui devait abréger ses courses à la recherche de michés et rendre plus aisée sa chasse aux louis.

Souvent, l’hôte mâle du lit était un commis voyageur ou un employé de bureau. La nuit d’amour, payée d’avance régulièrement, s’achevait de bonne heure, et Lucie insouciante de se créer une clientèle fixe, laissait partir l’homme