à l’aise, elle avait déposé sur l’appui d’une fenêtre les bouteilles et les paquets qui encombraient ses mains ; et elle pirouettait, riait, amusée par l’étonnement de Dosia. Celle-ci continuait ses reproches. Non, vraiment, elle n’en revenait pas. Ce n’était plus sa petite Nina d’autrefois, si sage, si disposée à bien faire. C’était rudement bête de se laisser enjôler comme ça par un pareil type. Et elle le dénigrait, affirmant :
— Ah ça, mais tu ne vois donc pas que c’est un maquereau, ton Georges.
— Oh ! non, voyons, le pauvre garçon. C’est pas de sa faute. Qu’est-ce que tu veux ? Son père lui donne cinquante francs par mois, pour s’amuser. Il m’en a encore donné vingt, l’autre jour. Faut bien qu’il lui reste quelque chose pour aller son mois ; tu ne voudrais pas que je lui prenne tout, voyons.
— Oui, oui, ça ne fait rien ; c’est tout de même pas chic du tout ce que tu fais là. Non, vrai, ce n’est pas chic, tu sais, j’aurais jamais cru ça de toi.
— Ah ! flûte, tiens, tu m’embêtes ! Et, tournant le dos à Dosia, Lucie Thirache reprit les objets qu’elle avait déposés sur la fenêtre, et rentra vite dans la maison, toute fâchée.
« Flûte ! » c’était maintenant son grand mot, comme sa devise. Elle le répétait sans cesse, affichant une complète insouciance pour tout ce qui n’était pas son plaisir.