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— Ah ! Elle est jeune votre cousine ? demanda Lucie, intriguée de voir ce nom revenir sans cesse dans les discours de l’homme.

— Ah oui ! jeune ! c’était comme on l’entendait ; pour une corneille, c’était l’adolescence ; enfin elle avait cinquante-deux ans.

Ils rirent beaucoup. Une familiarité naissait entre eux.

— Prenez-vous quelque chose ? offrit-il.

— Volontiers : Jacques, une fine.

— Et à moi une chope ? oui, une chope.

Lucie interrogeait Georges sur ses camarades ordinaires. Lui, tout en buvant, donnait des détails. La fille était charmée de l’entendre accuser l’un et l’autre. Il devait avoir raison ; tous maintenant, lui semblaient ridicules. Georges, tout à coup, lui dit :

— Mais vous devez joliment vous embêter, ici, maintenant ?

— Oh pour ça, oui ! Elle narra ses ennuis sans fin. Son amant était parti aux grandes manœuvres, elle restait seule avec Dosia, dans un trou comme Arras, une ville infecte.

— Bah ! c’est parce que vous ne savez pas vous y amuser. Moi, toutes les après-midi, je vais en voiture à la campagne, à Baurains vous savez, dans la propriété de ma cousine. Elle n’y est jamais ; ça fait que je m’amuse tant que je veux. Vous devriez bien venir avec moi, un jour ; ça