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— Peuh ! Je saute souvent bien plus haut que ça. Oh ! mais on a du jarret, vous savez.

Et il montrait ses cuisses énormes, étroitement serrées dans un pantalon rougeâtre.

Remontée sur l’estrade, Lucie examina le jeune homme avec une admiration pour sa force musculaire. Elle le considérait minutieusement. Là, vrai, c’était un garçon joliment solide. Elle voyait son dos voûté, très large, tendant l’étoffe d’un veston vert, son col épais, sa petite tête, sous des cheveux couleur de chanvre ; des mains carrées aux doigts courts ; des poignets forts. Oui, c’était un fameux gars, bien laid, par exemple, avec son nez interminable qui semblait écraser une petite moustache blondasse, et des yeux bêtes, d’un bleu sale, cernés en des paupières rougies. C’était dommage, un homme si bien bâti.

Un désir la reprit de causer :

— C’est à vous cette chaîne ? Est-ce qu’elle est en or ?

— Ça ; et s’approchant encore à l’estrade, il montra l’objet.

— Tiens, il y a un G sur le médaillon : vous vous appelez Georges ?

— Tout juste.

— Oh ! comme c’est lourd : ça doit coûter cher, hein ?

— Je ne sais pas, c’est ma cousine qui me l’a donnée.