Page:Chair molle.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mince bande grise enserrée entre les toitures adverses, très rapprochées.

— L’omnibus n’aurait jamais pu entrer là-dedans, alors j’ai été forcé d’arrêter. Du reste, le 7, il est tout près. Il se voit bien, hein ! le numéro ?

À nouveau, l’homme eut une joie bruyante. Il avait empoigné la valise et marchait à côté de la fille. Elle avait gardé un sourire, ne voulant pas laisser deviner son chagrin qui eût semblé ridicule ; il lui était même interdit de faire paraître un dégoût ; et, cependant, une folle terreur l’avait prise, une envie de se sauver, de fuir.

On la poussa du coude, on la fit arrêter :

— C’est ici.

Les persiennes du rez-de-chaussée cuirassées de tôle, l’huis bronzé garni de gros clous et d’un guichet grillé, la lanterne aux vitres rouges, enmaillées d’un filet de fer, donnaient à la maison l’air morne d’une geôle ; mais au-dessus de la porte, à la corniche, un écu d’azur offrait un énorme 7 tout en or, une réclame de joie, une impudente enseigne.

Le cocher ayant sonné, le guichet glissa ; deux yeux luirent derrière le grillage ; puis, après un « Ah bien ! » de reconnaissance, un bruit de doubles tours et de verrous tirés, le lourd battant tourna sur ses gonds. Une forte fille de la campagne, les épaules carrées, la voix dure,