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IX


Après le départ de Charles, on vécut doucement, dans une somnolence béate. Les nuits de spasmes avaient épuisé la fille. Ses crises hystériques s’étaient atténuées, plus rares, et ce fut d’abord pour elle un étrange bien-être, dormir seule, longtemps. Elle restait au lit jusque l’heure du dîner. Le soir, elle chantait paresseusement, impatiente de rentrer vite chez elle pour reprendre son sommeil. Elle était vraiment heureuse ; elle n’avait nul souci, elle ne devait plus orner les meubles, acheter des fleurs et des bibelots, veiller sans cesse à réjouir son amant. Ses rêveries elles-mêmes étaient devenues plus vagues. À peine, par instants, quelque regret des joies enfuies, et vite, ces impressions s’effaçaient ; elle retombait dans sa torpeur satisfaite.