Page:Chair molle.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.



VIII


Lucie Thirache avait ouvert la fenêtre et, accoudée à l’appui, elle regardait la place du Marché devant elle. L’aube montante blanchissait la silhouette des maisons. La ville dormait. Nul bruit, sinon par instants le roulement d’une voiture, l’écho d’un pas dans le loin. En bas, la place déserte gisait. Un bouquet d’arbres, au centre, semblait une tache, d’un vert sombre, frémissante. Tout près la fenêtre, au-dessus des tables à poissons, le toit du marché étale un demi cercle d’ardoises et Lucie, levant les yeux, aperçoit au-delà les bâtiments de la caserne qui limitent la place : un mur de briques interminable, serti de travées en pierres blanches ; au coin du mur les barreaux d’une grille fermée contre laquelle un sergent adossé, semble dor-