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Sœur Sainte Thérèse venait s’assoir entre elles ; leur versait des paroles pieuses, et leur lisait l’Évangile pour les distraire.

Bientôt les voyant très attentives, elle leur parla de confession. Lucie Thirache et Dosia consentirent aisément. L’aumônier, un vieillard vénérable, reçut leurs aveux.

Dès lors la religion les prit toutes. Lucie rejeta son besoin d’affection sur Jésus-Christ, ce dieu qu’on leur montrait si bon, qu’elle voyait si beau, si délicat avec les femmes, si peu semblable aux autres hommes. Elle baisait le crucifix, elle disait à Dosia ses pieuses pensées en s’étonnant de la voir moins fervente. Mais son amie lui fit comprendre que la religion avait, pour elles, d’autres avantages. N’était-ce pas un sûr moyen d’être encore privilégiées et d’obtenir les meilleurs morceaux ?

Leur journée était toute de dévotion. Elles disaient des chapelets pour leurs parents, pour la sœur, pour la conversion du docteur.

Enfin Dosia, guérie, reçut avec son bulletin de sortie, l’ordre de se rendre à Arras où elle serait soumise aux surveillances de police. Ce furent des adieux émus : Les deux femmes s’embrassèrent longuement et promirent s’adresser des lettres.

Quelques jours encore, Lucie Thirache resta à l’hôpital, choyée par tous. L’aumônier, très fier