Page:Chair molle.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

demandait à Dieu la grâce de se bien conduire.

Une distraction lui était venue. Elle s’était liée avec une femme couchée près elle, souffrant du même mal. Le matin, elles se regardaient l’une l’autre, avant la visite du médecin, et elles causaient :

— La tache, près de votre œil, va mieux, disait Lucie. Mais il me semble que vous en avez deux autres, ici ; et elle marquait la place sur le front.

— Là ?

— Oui. Faut-il qu’un homme soit ignoble tout de même, quand il sait qu’il est malade, pour vous fourrer une cochonnerie pareille ?

— Oh ! oui n’est-ce pas ! c’est dégoûtant. Et sur le nez, je n’ai plus rien ? Oh ! vous savez, si jamais je guéris, vous pouvez être sûre, que jamais plus j’irai avec un homme. Ça, par exemple, c’est fini ; sitôt sortie je me remets à travailler.

— Ah ! quel métier faisiez-vous ? Moi j’étais couturière.

— Tiens, moi aussi.

— Moi j’étais à Saint-Quentin.

— Ah ! bien moi j’étais à Calais. Mais il y a longtemps. Un jour, j’ai tout lâché pour aller chanter dans un concert, à Dunkerque. Une jolie bêtise que j’ai faite là.

— Tiens, vous avez été chanteuse.