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CHANT I.

O Phébé, dévoilant ton char silencieux,
Vers les monts opposés lève-toi dans les Cieux ;
Sur le dôme étoilé que ton éclat décore,
Le soir, fais luire aux yeux une plus douce aurore ;
Et, remplaçant le jour qui par degrés s’enfuit,
Prends de tes doigts d’argent, le sceptre de la nuit :
De tes tendres clartés caresse la nature,
Rends leur émail aux champs, aux arbres leur verdure.
A travers la forêt que ton pâle flambeau
Se glisse, et du feuillage éclairant le rideau,
A l’âme, en ses pensers doucement recueillie,
Révèle le secret de la mélancolie !
Quel demi-jour charmant ! quel calme ! quels effets !
Poursuis, reine des nuits, le cours de tes bienfaits ;
Protége de tes feux, et rends à son amante
Le jeune homme égaré sur la vague écumante ;
Au voyageur perdu dans de lointains climats
Prête un rayon ami qui dirige ses pas :
Tandis que le Sommeil, les Songes, le Silence,
Doux et paisible essaim qui dans l’air se balance,
Planent près de ton char et composent ta cour.
Centre de l’univers et monarque du jour,
Le Soleil cependant, immense, solitaire,
Dans son orbe lointain voit rouler notre Terre.
Il échauffe, il nourrit de ses jets éclatants
Ces globes, loin de lui, dans le vide flottants,