Page:Chézy - Analyse du Mégha-Doûtah, poème sanskrit de Kâlidâsa.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 13 )

Ce ne sont que palais merveilleux, dont les hautes murailles, tout étincelantes de lumière, se perdent dans les nues ; une musique céleste s’y fait continuellement entendre ; l’air y est tout parfum ; chaque goutte de rosée est un diamant. Des chœurs de jeunes nymphes, dont tout le travail est de se parer, l’unique occupation de chercher à plaire, dispersées çà et là dans des bocages odorans, tendent mille pièges aux jeunes imprudens qui arrêtent sur elles leurs regards. Ici l’or, les pierres précieuses, entremêlés avec art aux plus rares coquillages, embellissent des grottes magiques dont les reflets se jouent en mille manières sur un lac d’azur, doucement agité sous les plumes du cygne ; là, de mystérieux ombrages recèlent en vain, vers le soir, les scènes les plus voluptueuses. Au lever de l’aurore, des guirlandes flétries et tombées sur l’herbe, les tiges des fleurs brisées et foulées, les perles nouvellement détachées des ceintures élégantes et disséminées sur la verdure, révèlent au jour les secrets de la nuit : tout enfin, dans ce tableau achevé dont nous ne traçons ici qu’une esquisse légère, respire la féerie et la volupté ; et nous ne croyons pas que l’on trouvât beaucoup de poètes qui l’emportassent dans ce genre sur Kâlidâsa. Ce genre n’est cependant pas celui vers lequel la nature de son talent incline davantage ; et où il paroît sur-tout exceller, c’est dans l’expression des sentimens qui demandent de la sensibilité et du naturel : aussi la partie la plus attachante de ce