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habitans, fatigués de la chaleur, une douce fraîcheur depuis long-temps attendue : mais c’est particulièrement Oudjaïn qu’il recommande à ses attentions délicates ; cependant il craint en même temps que, séduit par les attraits irrésistibles, par les regards pleins de feu des jeunes beautés qui habitent cette ville enchanteresse, il n’oublie sa promesse, et il le conjure de ne pas s’y arrêter trop long-temps[1].

Il lui indique encore différentes haltes qui fournissent au poète le sujet de plusieurs petits tableaux charmans des mœurs et des coutumes des Indiens, et un grand nombre d’allusions à la mythologie, et il termine enfin cet itinéraire poétique par la description d’Alakâ.

Comme cette ville est l’objet principal vers lequel doit se diriger l’attention du lecteur, c’est aussi dans la peinture qu’il en fait, que le poète a déployé toutes les ressources de son art. Son récit est plus animé, ses couleurs plus vives ; et il sembleroit qu’Arioste n’a fait qu’hériter de ses pinceaux dans sa magnifique description du séjour voluptueux d’Alcine.

  1. Il est aisé de reconnoître dans ces éloges l’intention du poète, quand on sait qu’il résidoit lui-même à Oudjaynî [aujourd’hui Oudjaïn], l’une des sept villes sacrées dans l’esprit des Indiens, et l’antique capitale des états de Vicramâditya, son illustre patron. Cette ville fait maintenant partie des possessions de la famille du célèbre chef des Mahrattes, Sindia.