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ÉLÉGIES.

D’où souvent les monts et les plaines 10
Vont dirigeant mes pas aux campagnes prochaines,
Sous de triples cintres d*ormeaux.

Les chars, les royales merveilles.
Des gardes les nocturnes veilles.
Tout a fui ; des grandeurs tu n*es plus le séjour. 15
Mais le sommeil, la solitude,
Dieux jadis inconnus, et les arts, et Tétude,
Composent aigourd*hui ta cour.

Ah ! malheureux ! à ma jeunesse
Une oisive et morne paresse 20
Ne laisse plus goûter les studieux loisirs.
Mon âme, d*ennui consumée.
S’endort dans les langueurs ; louange et renommée
N’inquiètent plus mes désirs.

L’abandon, l’obscurité, l’ombre, 25
Une paix taciturne et sombre,
Voilà tous mes souhaits. Cache mes tristes jours,
Et nourris, s’il faut que je vive.
De mon pâle flambeau la clarté fugitive,
Aux douces chimères d’amours. 30

L’âme n’est point encor flétrie,
La vie encor n’est point tarie,


V. 16. Éd. 1839 :

Mais le soleil, la solitude.
André avait déjà souhaité d’avoir pour tout emploi :
Dormir et ne rien faire, inutile poète !

V. 28 et 29. Éd. 1826 :

Versaille ; et s’il feut que je vive,
Nourris de mon flambeau.la clarté fugitire.

Éd. 1839, même variante pour le t. 29, mais pour le v. 28 :

Versailles ; s’il faut que je vive.