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Les regards du sénat, des enfants, des aïeux,
Soient un triomphe cher qui les élève aux cieux.
Je veux que leur bourreau soit la honte ennemie ;
Leurs peines, le mépris ; le blâme, l’infamie ;
Que l’arbre, le rocher, le ciel, les éléments,
Appelés à témoin de la foi des serments,
Soient les juges secrets qui, dans l’âme parjure.
Portent d’un long tourment l’implacable morsure.
Mais cet état surtout porte empreint sur le front
Du père de ses lois l’esprit vaste et profond,
Où par intérêt même on devient magnanime ;
Où la misère marche à la suite du crime ;
Où par la faim, la soif, le vice est combattu ;
Où l’on ne vit heureux qu’à force de vertu.


POLITIQUE


Les écrits des sages, des législateurs, guident leurs descendants dans l’étude du cœur humain. Comme un jour les pilotes auront la carte marine de leurs prédécesseurs qui leur indiqueront la route. Là est un courant dangereux, là un banc de sable, et là un écueil… C’est cette l’orme qu’il faut suivre.

Quand les mœurs ont pris un mauvais cours, moyen de les changer imperceptiblement… Cela demande des efforts, mais ensuite cela va tout seul comme un fleuve que l’on fait changer de lit.

Il faudrait, quand les temps et les circonstances ont changé, changer quelque chose de la loi. C’est en suivre l’esprit. Comme les fleuves font des circuits quand ils rencontrent des angles.

Gardez que dans votre république il ne puisse s’élever