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Les premiers hommes sacrifiaient de l’herbe. — V. Grævius sur Hésiode, p. 40. Et là même un morceau du livre de Porphyre : de l’abstinence de la chair des animaux.


La vie humaine errante, et vile, et méprisée,
Sous la religion gémissait écrasée.
....................
De son horrible aspect menaçait les humains.
Un Grec[1] fut le premier dont l’audace affermie
Leva des yeux mortels sur l’idole ennemie.
Rien ne put l’étonner. Et ces Dieux tout-puissants,
Cet Olympe, ces feux, et ces bruits menaçants
Irritaient son courage à rompre la barrière
Où, sous d’épais remparts obscure et prisonnière,
La nature en silence étouffait sa clarté.
Ivre d’un feu vainqueur, son génie indompté,
Loin des murs enflammés qui enferment le monde,
Perça tous les sentiers de cette nuit profonde,
Et de l’immensité parcourut les déserts.
Il nous dit quelles lois gouvernent l’univers,
Ce qui vit, ce qui meurt, et ce qui ne peut être.
La religion tombe et nous sommes sans maître ;
Sous nos pieds à son tour elle expire ; et les cieux
Ne feront plus courber nos fronts victorieux.




Les hommes réunis en société commencèrent à avoir des lois simples… Pour les mariages entre autres ; car auparavant l’homme…


Et quand sa faim vorace au pied d’un chêne antique
Avait su du vil gland tombé de ses rameaux

  1. Épicure. Ce morceau est imité et presque traduit de Lucrèce.