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Comme on feint qu’au printemps d’amoureux aiguillons
La cavale agitée erre dans les vallons,
Et, n’ayant d’autre époux que l’air qu’elle respire,
Devient épouse et mère au souffle du zéphire.


Une des causes des erreurs primitives, c’est que l’on prend pour principe ce qui ne l’est pas.

Ne pas oublier de parler de la magie et des sorciers qui ont été mis à mort comme tels et de leur aveu.

Après une courte mais brûlante description des cruautés superstitieuses, s’écrier avec une impitoyable ironie : Bien, bien, mes amis, égorgez vos frères parce qu’ils ne pensent pas comme vous, que… un torrent de bêtises.

Origine des sottises religieuses… L’homme, égaré de la voie, effrayé de quelques phénomènes terribles, se jetant dans toutes les superstitions. Le feu, les démons. Cornes, griffes, queue… Ainsi, le voyageur, dans les terreurs de la nuit, regarde et voit dans les nuages des centaures, des lions, des dragons et mille autres formes fantastiques. Les superstitions prirent la teinture de l’esprit des peuples, c’est-à-dire des climats. Rapide multitude d’exemples. Mais l’imitation et l’autorité changent le caractère ; de là souvent un peuple qui aime à rire ne voit que diables et qu’enfer.

Lorsqu’il sera question des sacrifices humains, ne pas oublier ce que l’on a partout appelé les jugements de Dieu. Les fers rouges, l’eau bouillante, les combats particuliers. Que d’hommes dans tous les pays ont été immolés pour un éclat de tonnerre ou telle autre cause ! Cette manie de croire que les dieux avaient l’œil sur toutes leurs petites disputes, et qu’aux plus frivoles occasions un miracle viendrait violer les lois de la nature.


Partout sur des autels j’entends mugir Apis,
Bêler le dieu d’Ammon, aboyer Anubis.