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— Mes chers amis, rougissez, rougissez,
Je vous connais, et vous serez fessés.
Pour votre bien il faut qu’on vous étrille.
Confessez-moi votre humble peccadille.
Eh bien ? partout mensonge respecté,
Fourbe adorée et bon sens insulté !
Sottise altière, et de soi-même enflée !
Raison proscrite et vérité sifflée !
Et vous absoudre après cela ? non pas,
Non, je ne puis. Trop énorme est le cas.
Venez, venez. Sur votre large échine,
Je vous prépare un peu de discipline.
Aussi dit-on qu’il faut, en bon chrétien.
Bien châtier ceux-là qu’on aime bien.
Mes bien-aimés, le fouet qui va vous cuire
Vous instruira, si l’on peut vous instruire.
Si, par après, malgré mes soins pieux,
Bien corrigés, vous ne valez pas mieux,
À votre dam. Vôtre sera la honte.
Et devant Dieu je n’en rendrai point compte.
J’accuserai votre esprit corrompu,
Car j’aurai fait tout ce que j’aurai pu


L’action doit durer du matin au soir.

La scène peut s’ouvrir par le richard avec deux des sycophantes qu’il a recueillis chez lui, qui arrangent toutes choses pour l’expérience (les diables dans le flacon)… Il a, lui, et il admire, deux énormes diamants que le charlatan lui dit avoir composés de dix à douze petits qu’il lui avait confiés… Il racontera cela à tous les messieurs et dames qui arriveront ; comment il les lui a fait peser… que c’était le même poids… Alors tout le monde (quand il sera entré) lui confiera des diamants en le priant d’en faire de gros…