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ceux-là à une prochaine publication. Le portefeuille n° 2 renfermait des ébauches très-avancées, lesquelles pourtant paraissaient à l’auteur manquer des profits d’une méditation plus longue, d’un plus assidu travail, ou de quelque inspiration fortuite d’une de ces matinées qui viennent illuminer votre esprit. Ce que la vie est à l’argile, le poète l’attendait encore de la part d’un ami sans complaisance, ou de cette émulation plus mystérieuse qu’il avait coutume de puiser dans le sourire de Fanny ou de Néère. Enfin le dernier portefeuille n’était qu’un recueil d’esquisses indécises et de vagues projets. C’est celui-là, et celui-là seul, qui a été conservé, et que le public connaît. »

D’après M. Gabriel de Chénier, cette prétendue division n’a jamais existé que dans l’imagination du premier éditeur, et, en effet, l’œuvre de Chénier, telle que nous la possédons aujourd’hui, dément cette légende des trois portefeuilles déjà contestée par Sainte-Beuve. H. de Latouche donnait même une préface que le poète avait esquissée pour le portefeuille n° 1 ; la voici :

« L’auteur de ces poésies les a extraites d’un grand nombre qu’il a composées et travaillées avec soin depuis dix ans. Le désir de quelque succès dans ce genre et les encouragements de ses amis l’ont enfin déterminé à se présenter au lecteur. Mais comme il est possible que des amis l’aient jugé avec plus de faveur que d’équité, et aussi que les idées du public ne se rencontrent pas avec les siennes et les leurs, il a cru meilleur d’en faire l’essai en ne mettant au jour qu’une petite partie de ses ouvrages. Car si le peu