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PAR PALISSOT[1]

NOTICE SUR ANDRÉ CHÉNIER

(1788).


Chénier (Marie de Saint-André), frère aîné du précédent. C’est à son insu que nous nous permettons de le révéler à la renommée, persuadé qu’il voudra bien nous pardonner de le comprendre dans cette espèce de tableau de famille que nous venons de tracer, et dont nous aurions trop de regret de l’exclure, en cédant à sa modestie. Avec moins d’empressement de se produire, et un désir de gloire non moins vif que celui de son frère, mais auquel il sait commander, jusqu’à présent il ne paraît occupé, si nous l’osons dire, qu’à méditer sa réputation dans le silence. Qu’il nous permette, cependant, l’expression du plaisir que nous ont fait le peu d’ouvrages qu’il a bien voulu nous communiquer. Peut-être avons-nous été moins frappé des talents qu’ils annoncent pour la poésie, que d’un caractère de pensée mâle et profonde, qui ne peut appartenir qu’à l’homme de génie.

  1. Œuvres de Palissot, Paris, 1788. — Cette notice sur André Chénier, qui vient après celles consacrées à M. Louis de Chénier et à Marie-Joseph, se trouve au tome III, pages 123 et 124. Elle est très-remarquable par la date à laquelle elle a été écrite. Le Brun, dans son Épître, et Palissot, dans cette notice, ont tous deux présagé le génie d’André Chénier, et devancé le jugement de la postérité.
    (B. de F.)