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Une mère trempa sa main dénaturée.
Mère, tu fus impie, et l’amour inhumain.
Qui d’elle ou de l’amour eut plus de barbarie ?
L’amour fut inhumain ; mère, tu fus impie !


(10 Octobre 1778[1]).





Quand à peine Clothon, mère des destinées
À mes trois lustres pleins ajoute quatre années,
Mon cœur s’ouvre avec joie à l’espoir glorieux
De chanter à la fois les belles et les dieux.
Né citoyen du Pinde et citoyen de Cnide,
Avide de plaisirs et de louange avide,
Aux antres d’Apollon pontife initié,
Aux banquets de Vénus convive associé.
Au temple de Paphos, sur la lyre d’Orphée,
Mes chants vont à Vénus consacrer un trophée.
Peuple, sur nos climats le printemps couronné
A fait luire son front de roses couronné.
Ses yeux de la déesse ont ranimé l’empire.
Connaissez son génie aux feux qu’elle m’inspire.
Tant que la lyre d’or va chanter sous mes doigts,
D’un silence sacré favorisez ma voix.

(Quant au profane qui en troublerait les chants)

Que jamais la beauté ne daigne lui sourire ;
.......qu’il meure, qu’il expire.

  1. Dix ans plus tard, l’auteur, relisant cette petite pièce faite au collège, écrivait au bas : « J’avais seize ans. Il y a quelques bons vers. » (G. de Chénier.)

    Il en a même utilisé les six derniers, comme on le voit, tome I, p. 93.