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traits, étaient des peintres d’histoire. Du temps de la renaissance et de la perfection de l’art, cette distinction n’était pas même connue ; sous les Médicis, dans le plus beau siècle des arts et des lettres modernes, Corrège, Michel-Ange et le grand Raphaël lui-même laissèrent des portraits qui les auraient illustrés, si de beaucoup plus grands ouvrages n’avaient empêché de s’occuper des moindres. Le Titien a conservé sa réputation dans les deux genres. Et pour citer un exemple reconnu au dernier salon, Brutus, Socrate, les Horaces, n’empêchaient pas même d’admirer un portrait sorti du pinceau de David.

Le tableau proposé sera toujours un tableau historique, que l’on traitera d’une manière ou d’une autre, poétiquement ou sans poésie, et qui n’admettra jamais que la distinction du bon et du mauvais.

L’Observateur s’élève contre l’injustice d’admirer un grand artiste exclusivement à tous les autres, et je suis en cela fort de son avis ; mais je ne puis plus en être, et je doute que la postérité en soit, lorsqu’il ajoute que « M. Vincent marche le rival de M. David dans la carrière. » Je ne connais point M. Vincent ; je vois tous ceux qui le connaissent parler de son caractère avec estime ; j’honore beaucoup ses talents ; je le prie de n’attribuer qu’au désir de le voir travailler de plus en plus à la perfection d’un art dans lequel il a obtenu une si juste gloire, le peu de remarques que je vais me permettre ici.

Des ouvrages de cet artiste que cite l’Observateur, deux seulement sont assez présents à ma mémoire