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          Né l’héritage du plus fort[1],
Quel que soit le vainqueur suit toujours la victoire ;
D’une lèvre arbitre de mort
Étale le baiser, le brigue avec audace ;
Et pour nulle oppressive main
Leur jupe n’est pesante, et l’épingle tenace
N’a de pointe autour de leur sein.
Le remords est, dit-on, l’enfer où tout s’expie.
Quel remords agite le flanc,
Tourmente le sommeil du tribunal[2] impie.
Qui mange, boit, rote du sang ?
Car qui peut noblement de leur bande perverse
Rendre les attentats fameux ?
Ces monstres sont impurs ; la lance qui les perce
Sort impure, infecte comme eux[3].


VIII[4]


 
Quand au mouton bêlant la sombre boucherie
Ouvre ses cavernes de mort,
Pâtres, chiens et moutons, toute la bergerie
Ne s’informe plus de son sort.

  1. L’auteur a d’abord écrit
    Héritage-né du plus fort.
    (G. de Chénier).
  2. L’auteur a écrit : dicastère.
  3. Ces deux vers et quelques traits des ïambes précédents avaient été cités par M. G. Guizot dans son cours du 3 février 1869.
  4. Édition 1819