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Orné nos portes triomphales.
Et ces bronzes hideux, nos monuments sacrés[1].

Tout ce peuple hébété que nul remords ne touche,
Cruel même dans son repos,
Vient sourire aux succès de sa rage farouche.
Et, la soif encore à la bouche,
Ruminer tout le sang dont il a bu les flots[2].

Arts dignes de nos yeux ! pompe et magnificence
Dignes de notre liberté,
Dignes des vils tyrans qui dévorent la France,
Dignes de l’atroce démence
Du stupide David qu’autrefois j’ai chanté[3] !

  1. M. G. de Chénier lit : « À ces bronzes hideux, » ce qui se comprend moins aisément.
  2. Le texte du manuscrit est ainsi :

    δοροφορ.

    O. g.. — d. de L. Sous les voûtes royales
    Par nos μαιναδ. déchirés,
    Vos têtes sur un fer ont, pour nos bacch.,
    Orné nos portes τριομφ.
    À ces bronzes hideux, nos mon. m. sacrés.

    Tout ce δημος hébété que nul rem. ne touche,
    Cruel même dans son ἠσυχ.,
    Vient sourire aux succès de sa r. f.
    Et, la soif encore à la bouche,
    Ruminer tout l’αἷμα dont il a bu les flots.

    (G. de Chénier).
  3. Ici s’arrête la publication de Sainte Beuve. Le reste est donné pour la première fois par M. G. de Chénier.
    Le manuscrit porte :
    Arts dignes de nos yeux ! pompe et magnif.
    Dignes de notre ἐλευθερία